Candidat à l'Ecole en Bateau


Le parcours du candidat         A l'abordage !          Premiers bords         La séparation


Le parcours du candidat


Je voulais partir, mais je ne m'y voyais pas.
Pourtant, les autres stagiaires m'ont choisi ! J'y croyais pas...
(Sébastien, 2 ans à bord).


Il, elle, voulait partir ! Sa mère, un ami, ou un article dans la presse, en avaient parlé : un voilier, une bande de copains, l'aventure !
- Faut quoi ? Ecrire une lettre pour dire qu'on veut y aller, c'est tout... ? J'écris !

 En retour, huit pages d'un questionnaire "pour faire réfléchir", avec photos et explications sur là vie à bord.
- Un timbre, vite, je vais répondre !...
Trois mois, j'ai mis à répondre ! Fallait trop réfléchir, j'arrêtais, j'oubliais, je reprenais... Ce que je lisais me plaisait, mais ça paraissait dur : y'avait des avertissements qui cassaient un peu le rêve. Et quitter tout le monde, ici... Est-ce je voulais vraiment vivre ça ? Est-ce que j'y arriverais ? En plus, mon meilleur pote, qui devait venir aussi, s'est dégonflé.
Bon, j'ai envie. Allez, je poste !                                                     Logo Expéditions Jules Verne

- L'attente, l'angoisse, on me veut ? on me veut pas ?                      
Une réponse : ni accepté, ni refusé, c'est pour un stage, dans deux mois, avec d'autres candidats.
- Paraît que  j'y découvrirai si je veux vraiment partir et si je peux.
Je peux ? j'sais pas. Je veux ? je crois. J'
y vais ? J'y vais !
(Stages >>>)

... Trois mois plus tard, je faisais mon sac... de marin cette fois !



A l'abordage !

Quand j'ai vu le bateau, j'ai eu l'impression que tout allait changer
 et que j'allais vivre enfin ce que j'avais rêvé !

(François, 2 ans à bord)

L'aventure commençait à la porte de chez soi : les jeunes rejoignaient le bateau là où il se trouvait.
- Tout seul, j'ai pris le train, et l'avion pour Athènes ! Un "ancien" du Karrek m'attendait à l'aéroport, 12 ans, plus dégourdi que moi. Il a trouvé un coin pour dormir à la belle et, le lendemain, on a pris un ferry, puis un vieux car tout cabossé. On a fini à pied.


Il y eut des arrivées groupées, enthousiastes : en Grèce, en Turquie, les jeunes balancèrent sac et vêtements, sautant à l’eau pour aborder le navire au mouillage sans même attendre la barque qui venait les chercher ! Aux Canaries, arrivés de nuit, ils se répandirent partout, grimpant jusqu’en haut du mât dans leur excitation, chantant…

Il y eut des arrivées solitaires, parfois plus inquiètes. Mais le « nouveau » n’était pas inconnu du bord, des courriers, des photos avaient été échangés...

Embarquement de nouveauxCertains "anciens" intégraient bien ces arrivants, d’autres, moins accueillants, attendaient qu’ils se mettent d’eux-mêmes à l’ouvrage.
Un quatuor rejoignit au Venezuela un groupe déjà bien constitué. Que faire, quand on ne connaît rien au bateau ? Ils s’emparèrent de la cuisine, s'installèrent aux vaisselles, et se chargèrent des courses (en espagnol !). L'art de se rendre tout de suite indispensable...
Un sacré coursier >>>

Cette aisance ne fut pas générale. Quelques-uns gardent un souvenir moins agréable de leurs débuts. Quiconque, dans sa vie, a dû changer d’école, connaît ces sentiments…




Premiers bords

Fallait pousser la barre à droite pour aller à gauche,
et à gauche pour aller à droite !

J'étais tout mélangé !
(Cédric, 4 ans à bord)

Le plus souvent, le bateau appareillait vite après une arrivée de nouveaux. Ceux-ci venaient pour naviguer, ils avaient hâte de larguer les voiles et de se lancer sur les flots. Une navigation courte, pour éviter le mal de mer, faciliter l’apprentissage de l’équilibre, permettre déjà une participation aux manœuvres avec les conseils des "anciens". Puis, mouillage dans une baie, et baignade !
- C'était pas toujours comme ça ! Quand on arrivait en plein travaux ou en pleine tempête... le baptême de mer serait pour plus tard !

Au mouillage, les activités étaient nombreuses et toutes nouvelles pour ces novices qui s’y mettaient, là aussi guidés par les anciens. Rien n’était exigé d’eux les deux ou trois premiers jours, davantage consacrés à explorer ce nouveau monde, à trouver ses marques.
- Mais si après on ne s'y mettait pas vite... Il y en avait qui nous faisaient des remarques... " Un nouvel équipier, on veut, pas un touriste ! "
Il n’était pas facile de passer du monde scolaire et familial, où peu de tâches de ce type sont exigées, à celui de cette communauté laborieuse. Il fallait apprendre l’usage des outils, des machines, des ordinateurs sans jeux vidéo...


La séparation

- Maman ? Allo, maman ? Je veux rentrer, tout de suite!
- Pas question ! Tu l'as voulu et tu viens juste d'arriver!
(Manny, restera de plein gré 6 ans à bord !)

Apprendre ce monde tout nouveau du bateau, ce voilier un peu spécial, avec un équipage d'autres jeunes déjà au courant de tout, et en même temps s’adapter, maîtriser peut-être sa tristesse du départ, c'était beaucoup. On n’avait pas mesuré tout cela avant de partir !

Affronter les cordagesCe jeune âge a cependant pour lui souplesse de s'adapter et facilité d'apprendre.
Ceux-là, de plus, en voulaient : ils avaient choisi l'aventure.
- Y'avait aussi des anciens gentils, ça aidait...
Peu abandonnèrent. Certains passèrent plusieurs années au bateau, le séjour n’y étant pas limité.
L’engagement moral minimal était d’un an, mais un retour n’importe quand était toujours possible : le jeune amenait avec lui l'argent de son billet de retour.
On pouvait écrire, téléphoner, le navire étant plus souvent dans un mouillage ou à quai qu'en mer. Plus tard, vinrent en plus la radio, les courriels, fonctionnant même en navigation.
Cependant, pour plus vite s'adapter, il était recommandé, aux  jeunes comme aux familles, de ne pas trop échanger coups de fil ou lettres dans les débuts : se jeter à l'eau, franchement.
Tous retournaient quelques semaines chez eux chaque année, lors des vacances de la famille.

La séparation fut parfois difficile pour les parents et la fratrie. Voir partir son enfant à l'aventure, au loin, pour si longtemps... Il fallut souvent, là aussi, beaucoup de courage et d'amour.
Certains vinrent retrouver quelques jours leur enfant au bateau, mais leur enfant le souhaitait rarement : il avait fait vraiment sien ce domaine.

Pour le nouveau marin, aventure aidant, le spleen éventuel s'envolait vite. Il y eut peu de retours pour inadaptation. Même si les débuts étaient difficiles, le jeune avait à cœur de tenir, et ses parents qui l’avaient soutenu dans cette démarche étaient, passée l'inquiétude des débuts, heureux de ce que vivait leur enfant.
Border la grand-voile!